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Le système AACS pour le Blu-ray est stupide

Opinion d'un expert, Jean-José Wanègue

Jean-José Wanègue, consultant indépendant spécialiste de la production de medias optiques, nous a fait parvenir l’article suivant:

Le Blu-ray n’a pas gagné. Côté grand public on peut avoir le sentiment que cela se passe relativement bien en raison de la visibilité qu’a pu acquérir le produit sur les rayons des magasins et de sa notoriété qui grimpe puisque chaque sortie d’une nouveauté cinématographique sur DVD se trouve associée à l’annonce concomitante de sa sortie pour Blu-ray.

Le problème est en ‘back-stage’ où ça ne se passe pas très bien à cause du problème des clés AACS et de l’attitude de Sony qui sous d’aimables sourires invitant tous les producteurs, distributeurs et presseurs à se lancer dans l’aventure industrielle et commerciale du Blu-ray, fait tout pour contrôler le marché.

L’AACS, et le Blu-ray, ont été pensés par des gens d’Hollywood pour les studios majeurs. Le problème est que le monde n’est pas Planet Hollywood. A cause de la stupidité du système AACS tous les indépendants, toute la communication B2B, communication corporate et institutionnelle trouvent sur leur chemin vers l’adoption et l’utilisation de ce format une barrière incontournable rendant ce support d’édition HD hors de prix. Si le HD DVD était loin de valoir le BD en matière de performances techniques il avait au moins pour lui le bénéfice de ne pas imposer aux éditeurs l’obligation de prendre une licence AACS et de payer pour chaque titre une licence et des royalties.

Si le consortium de l’AACS voulait bien comprendre tout ceci et descendre de son piédestal hollywoodien en faux marbre pour écouter le monde des petits producteurs et distributeurs indépendants qui à travers le monde vont la richesse d’un cinéma varié et original, alors le Blu-ray connaîtrait un succès encore bien plus grand. Mais attention si de belles productions hollywoodiennes connaissent des succès retentissants à travers le monde, on peut parfois ne pas voir venir les icebergs.

Il est vrai qu’en la circonstances les petits indépendants et autres studios travaillant pour la communication d’entreprise un peu partout dans le monde ne sont que des petits glaçons dans cet océans de strasses, d’étoiles et d’effets spéciaux et que la croisière peut continuer à voguer dans l’euphorie sachant que les glaçons n’ont jamais fait d’icebergs.

Mais attention le monde a bien changé et comme l’a si justement expliqué M. Loïc de Poix, PDG de MPO, lors de la conférence Media Tech de Francfort en Avril dernier, si on n’y prend garde, on pourrait faire du Blu-ray un format propriétaire tout comme la PS3. Dans ce cas, peut-être que les studios d’Hollywood se satisferaient bien d’une telle situation qui leur permettrait de contrôler avec la plus grande rigueur la chaîne industrielle sans que le public n’y trouve à redire.

Mais cela veut dire qu’en face c’est tout le monde de l’archivage des données numériques qui se trouverait confronté à l’épineux problème d’un support propriétaire. Peut-être que de nos jours cette inquiétude n’a plus vraiment d’importance en raison de la durée de vie de plus en plus courte des produits. Je n’en sais rien mais je pose la question.

 

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